Il est dans la nature de l’Homme d’être social et de tendre vers autrui. Néanmoins, au cœur de la foule, confronté aux personnalités toutes aussi divergentes que contradictoires, il se tourne vers la solitude et l’isolement. Ce comportement témoigne de la double identité que revêt l’Homme, à la fois social et introverti.
L’isolement devient une zone de confort et de quiétude, permettant à l’individu de contrôler son environnement, son organisation extérieure et ses réflexions intérieures. La vie en groupe quant à elle heurte l’opinion de l’Homme, le soumet à une compétition matérielle et intellectuelle.
Par conséquent, comment envisager l’évolution intérieure de l’individu ? Doit-il opter pour la solitude ou demeurer attaché au groupe ?
Avant de répondre à cette question, il est nécessaire de rappeler que l’être humain est doté d’un potentiel de développement supérieur à celui de l’animal, qui ne cherche qu’à satisfaire ses besoins primaires, et pourtant, la société dans laquelle nous évoluons ne manifeste aucun intérêt à progresser au-delà de l’assouvissement matériel.
Cette attitude individualiste et matérialiste retranche l’être humain, à l’instar de l’animal, vers l’isolement, où il peut perpétuer ce mode de vie en bonne conscience. Son évolution est alors horizontale, tel un arbre isolé au milieu d’un champ libre, grandissant par ses côtés, tandis que revêtu de son identité sociale et altruiste, l’Homme évoluerait de façon verticale, tel un arbre toujours, mais qui entouré de ses semblables au sein d’une forêt, est incité par une force positive à se développer vers le haut.
On retrouve cet exemple dans l’éducation spirituelle traditionnelle, notamment dans l’Islam, qui favorise la vie en société. Bien que la vie en réclusion soutient le cheminement intérieur, la quintessence de cette évolution demeure néanmoins dans la vie en collectivité : on observe l’individu occupé dans les affaires (professionnelles et sociales) de ce monde alors qu’il n’en demeure pas moins dans un mouvement spirituel.
Le Prophète de l’Islam, prière et paix sur lui, avait une vie sociale extraordinaire et en permanence immergée dans le groupe, aussi bien sur le plan politique, militaire que familiale… sans pourtant entacher son incomparable accomplissement spirituel. Il était un arbre dont les fondements sont semblables au reste du groupe, mais dont la ramure s’élance infiniment haut dans le ciel et dont les fruits sont sans pareil.
Deux modes de vie s’offrent donc à l’Homme. La vie solitaire qui a ses bienfaits, mais qui ne peut contenir toute la capacité spirituelle de l’Homme et la vie en groupe qui par la force de la confrontation à autrui confère au cheminant une éducation spirituelle plus rapide et plus parfaite.
C’est dans la vie en groupe qu’on apprend à s’isoler intérieurement, car c’est au cœur de la maladie que réside le remède.