Nous ne pouvons avancer dans l’enseignement de « Lumière et Cheminement » sans évoquer le sens même du nom que nous avons choisi, c’est pourquoi nous allons commencer par exprimer ce que cache cette appellation, et vous verrez qu’elle n’a pas été choisie au hasard. Par ces deux notions universelles, nous recouvrons l’ensemble des directions dans lesquelles nous nous dirigeons, et l’ensemble de ce que nous serons amenés à vous proposer à l’avenir, tant elles sont englobantes, et ramènent à tout ce dont nous avons besoin.
Commençons par le commencement : La Lumière.
Vous en avez tous déjà entendu parler, quelle que soit votre confession, quelles que soient vos croyances et vos influences. Le terme Lumière prend de nombreux sens, mais il n’a pas le même sens chez les gens du « cheminement » que chez les autres, que ce soit par exemple chez les philosophes ou chez les religieux dénués de spiritualité effective. Comprendre le premier terme sur lequel nous avons choisi de baser notre travail vous permettra de mieux comprendre le rôle que nous prenons à travers ce projet, et à également saisir l’ampleur de ce qui est proposé.
Pour nous la Lumière qu’est-ce que c’est ?
Lorsque les soufis font référence à la Lumière, ils en parlent dans différents contextes, mais toujours en ayant à l’esprit qu’elle vient d’en Haut, qu’elle soit présente avec nous, ou qu’elle dépasse l’entendement humain. Pour le soufi, la Lumière provient d’une Source qui transcende l’univers ! Néanmoins, la première chose que nous nous devons de clarifier, c’est sa fonction dans le cheminement.
Quelle est sa fonction ?
Si elle est supérieure et si elle se présente à nous, ce n’est que dans le but de nous emmener avec elle. C’est pour cette raison que nous ne nous attardons pas en premier lieu sur son origine, car ce qui nous intéresse, c’est le rapport que nous allons avoir avec elle, dans notre quotidien, tout au long de notre avancée.
Pour nous, elle est la porte d’entrée du cheminement, elle est l’accompagnatrice dont nous avons besoin tout au long de celui-ci, et la ligne d’arrivée pour l’homme étant parvenu à la pleine spiritualité.
Son rôle est donc primordial, car même à l’aboutissement de son chemin, l’homme devient ce qu’il est par son rapport avec elle.
Vous comprenez mieux maintenant pourquoi nous estimons qu’on ne peut s’en passer ?
Si elle est notre ligne d’arrivée, cela signifie-t-il qu’elle est notre but ?
La finalité suprême de l’homme serait de devenir ce que renferme cette Lumière, tout en demeurant homme. Cela ferait de lui un être entièrement connecté à ce qui le dépasse par nature, un homme en pleine possession des capacités de son être.
La Lumière du Cheminement : d’autres appellations ?
Certains y font référence en parlant d’Esprit, de Force, d’Energie, de Réalité, d’Intellect premier, de Saint-Esprit, de Souffle, de Centre, d’Isthme, de Perle Blanche…
Elle est ce qui dépasse l’homme, qui ne vient pas de lui-même, mais qui est présent pour lui dans le but de le faire devenir quelqu’un de meilleur.
Pas de cheminement sans compagnie de la Lumière ?
Nous pouvons considérer deux types de cheminement : le cheminement vers la Lumière ; le cheminement par la Lumière.
Le premier est ce qui y mène, le second ce qui permet de se réaliser en tant qu’individu. Le premier est celui dans lequel on cherche où aller, le second est celui dans lequel on se trouve. Le premier est celui qui mène à la boussole, le second celui qui permet de bien se diriger. Le premier chemin est une introduction nécessaire, le second est une grâce offerte à l’homme.
L’appellation qui a été donnée par les soufis à la partie du chemin qui conduit vers la Lumière est : les rayons de la clairvoyance (shu‘â‘ al-basîrah).
Quel que soit le lieu où se trouve l’homme, à partir du moment où il se tourne vers une spiritualité, il se trouve dans la partie de son chemin que nous nommons « cheminement vers la Lumière » après avoir entendu l’appel de la clairvoyance. S’il parvient à cette clairvoyance, il aura répondu à l’appel. S’il n’y parvient pas, c’est qu’il s’est perdu en cours de route et qu’il lui faudra revenir sur ses pas.
Notre rôle vis-à-vis de cette Lumière ?
Notre travail consiste à l’expliquer, à transmettre ses enseignements universels et à la rendre encore plus accessible. Soucieux de servir les hommes en quête de réalisation spirituelle, nous souhaitons travailler au service du chemin que nous avons emprunté et aider ceux qui le désirent à mieux l’appréhender, à le comprendre plus efficacement. Et cela ne peut se faire que si nous rappelons en premier lieu l’existence et l’importance de notre guide à tous : la Lumière.
« L’appel de la clairvoyance » est-il destiné à tous ?
Oui, cet appel vise toute l’humanité sans distinction. Il y a parmi les hommes ceux qui ne cherchent pas de voie, ceux qui estiment être dans le vrai et qui ne se posent pas plus de questions, et ceux qui cherchent éperdument à donner une direction à leurs aspirations.
Nous ne cherchons pas à convaincre ceux qui ne veulent pas d’une vie dans la spiritualité, qui ne pensent pas qu’il soit utile de cheminer ou que l’homme ait besoin de recourir à une entité le transcendant, mais nous souhaitons pouvoir se faire entendre par ceux qui cherchent leur voie, qui ne savent pas encore en quoi croire ou ne pas croire, qui ne savent pas quoi faire ni comment le faire. Pour eux, nous travaillons afin qu’ils aient les outils nécessaires pour arriver à la quiétude (sakînah) véritable à laquelle goûtent les gens du cheminement.
Pour les autres, nous transmettons notre message publiquement, afin que les portes demeurent ouvertes pour chaque homme jusqu’à son dernier souffle.
Pourquoi tout est lié à la Lumière ?
Dans la science soufie, la Lumière est la source à partir de laquelle le monde est apparu. D’elle proviennent les formes apparentes que nous voyons autour de nous ainsi que les corps que nous habitons. Ces « choses » proviennent de cette Lumière, et l’élévation de l’homme réside dans le fait d’y retourner tout en demeurant vivant dans ce monde, voilà pourquoi nous ne considérons la spiritualité que sous l’angle de la Lumière.
L’homme a encore un plus grand rapport à la Lumière que ce qui l’entoure, car « la Lumière est la nature même de l’Esprit » [1]. L’Esprit de l’homme a donc sa nature dans la Lumière dont nous parlons, il y est donc lié intérieurement et extérieurement.
Si l’homme possède la Lumière dans son Esprit, pourquoi alors la rechercher ?
C’est là qu’intervient la notion de cheminement. L’homme a besoin de se reconnecter avec cet Esprit transcendant dont il a perdu la trace et dont il aperçoit parfois quelques lueurs. Il a besoin qu’on le ramène à lui, et c’est ce en quoi consiste le cheminement. Tout prophète est avant tout cette voix intérieure qui appelle chaque homme à son propre salut. Cette voix provient de son Esprit, et a besoin d’être entendue pour que le cheminement prenne forme.
L’existence du cheminement est une conséquence de l’apparition de la Lumière. Si nous n’avions pas une origine supérieure à rejoindre, la spiritualité n’existerait pas pour l’homme.
Pourquoi parler de cheminement et non pas seulement de spiritualité ?
La spiritualité vise tout ce qui offre un mouvement intérieur à l’homme. Elle est devenue trop large pour exprimer ce que nous attendons de ce mouvement. Le cheminement consiste à transformer cette chaleur intérieure en avancée, en élévation, sans que cela ne soit suivi par une retombée. Le cheminement fait avancer, comme un homme qui marche sur un chemin, tant qu’il ne recule pas de lui-même, il demeure là où il s’est arrêté. Le chemin offre à celui qui l’emprunte un paysage différent au fur et à mesure de sa course, et il en est de même pour le cheminement, qui n’offre pas les mêmes fruits selon le lieu où l’on se trouve. Les cheminants peuvent parler de ce chemin, ils peuvent en décrire les étapes, y exprimer leurs fruits. Ils peuvent donner des conseils sur ce qu’il faut tirer de telle ou telle station par laquelle ils sont passés, ce qu’il ne faut pas y faire, ce qu’il faut faire pour aller vers la suite. C’est ce que nous appelons l’expertise dans le cheminement. Il n’y a pas de meilleure expertise que le vécu, et ceux qui vivent cette expertise ont le savoir accompagné d’une certitude nécessaire à ceux qui veulent apprendre.
Parler de cheminement plutôt que de spiritualité, c’est montrer les perspectives d’évolutions qu’offre la voie de la spiritualité, plutôt que de se concentrer sur sa simple expérience intérieure. L’expérience spirituelle est souvent liée aux émotions, au ressenti, au bien-être, et se retrouve alors en périphérie du cheminement. Chez « Lumière & Cheminement », nous ne nous concentrons pas sur les conséquences, mais sur les étapes et les actes qui mènent à des fruits durables.
[1] Formule empruntée au Shaykh Mohamed Faouzi Al Karkari, dans son livre, « La Voie Blanche » paru aux éditions les 7 Lectures.